Encyclopédie Saint Augustin. La Méditerranée et l’Europe IVe-XXIe siècle

Une contribution substantielle aux études augustiniennes

L’Encyclopédie Augustin constitue un apport substantiel aux Etudes Augustiniennes. Sans doute une entreprise analogue, même plus développée, est-elle réalisée en Allemagne : l’Augustinus Lexikon, mais l’édition en est actuellement à la lettre I, en ayant été commencée il y a une vingtaine d’années (il faudra encore beaucoup de temps pour que l’ensemble soit terminé), alors que L’Encyclopédie Augustin propose un volume achevé de quelque 1500 pages, volume qui sera fort utile non seulement aux étudiants mais aussi à tous ceux qui s’intéressent à S. Augustin et qui trouveront des réponses à leurs interrogations sur les œuvres d’Augustin, les principaux thèmes qu’il a développés, ses interlocuteurs, ses correspondants, ses adversaires, l’influence qui a été la sienne. C’est une véritable somme qui donne des points de repère dans l’immense forêt de l’œuvre et des études augustiniennes, au moment où Augustin est entré dans la Bibliothèque de la Pléiade et a été mis au programme de l’agrégation de philosophie et où, plus largement, on redécouvre l’importance de son œuvre et l’influence qui a été la sienne.
Cet ouvrage bénéficie de l’acquis des recherches les plus récentes des spécialistes d’Augustin au niveau mondial, tout d’abord aux Etats-Unis qui a été son berceau avec le P. Allan Fitzgerald qui en a été le maître-d’œuvre, ensuite en Espagne où il a été traduit pour la première fois, en Italie où, grâce à Luigi Alici, il a été enrichi des différentes recherches dont celles de l’Augustinianum et en France, où il a bénéficié de l’acquis de la prosopographie, tant de l’Afrique chrétienne que de l’Italie et du vaste champ des études augustiniennes, représenté par Henri-Irénée Marrou, André Mandouze, Anne-Marie La Bonnardière, Marie-François Berrouard, Serge Lancel, Goulven Madec, Daniel Dideberg pour ne citer que les plus grands noms…. Même le volet informatique est pris en compte avec l’article : Augustin dans l’espace cybernétique que John O’Donnell a actualisé pour l’édition française. Ainsi peut-on consulter les différents sites augustiniens de par le monde pour actualiser les recherches, qui ne remplacent pas, mais prolongent l’acquis de cette Encyclopédie.

Le portrait d’Augustin

Comme le dit Serge Lancel dans sa Préface à l’édition française, cette Encyclopédie est comme une mosaïque où se dessine le portrait d’Augustin, d’un Augustin débarrassé des fausses images, des clichés qui ont jeté le discrédit sur son œuvre pour retrouver le dynamisme originel de sa pensée, tout comme nous avons essayé de laisser apparaître son image dans le cahier iconographique et comme vous pouvez le voir sur les posters, en particulier cette fresque du Latran qui serait son portrait le plus authentique.
Sur ce plan, le titre de l’édition française appelle quelques explications. Comme l’Encyclopédie ne traite pas seulement des avatars de l’augustinisme (d’Augustin à travers les âges pour traduire littéralement le titre américain), mais comme elle vise à situer Augustin dans son contexte pour mettre en évidence son originalité, en fonction des auteurs qu’il a réinterprétés, et pour faire ressortir son influence, nous avons préféré faire allusion au monde qui a été le sien : la Méditerranée et au pays qu’il a principalement marqué de son empreinte : l’Europe, d’où le sous-titre : La Méditerranée et l’Europe IV°-XXI° siècles.
C’est à la fois d’Augustin qu’il est question, de sa pensée, de son expérience qu’il a su universaliser grâce à la Bible pour lui donner une dimension universelle, comme on le voit dès les Confessions. En donnant une sorte d’interprétation infinie de l’Ecriture qui en dégage les éléments théologiques essentiels, il a largement marqué de son empreinte les siècles ultérieurs, comme le montre Luigi Alici qui ne peut malheureusement pas être des nôtres aujourd’hui. On dit souvent que c’est avec S. Augustin que la subjectivité a fait son entrée dans l’histoire de la pensée et c’est vrai. Sans doute entend-on la subjectivité au sens moderne du terme, alors que le sujet augustinien a une autre signification. Ce n’est pas encore le sujet cartésien ni hegelien bien qu’Augustin soit apparemment à l’origine du cogito de Descartes et qu’il n’ait pas été sans influencer Hegel. C’est d’abord le sujet en dialogue avec Dieu et constitué par ce dialogue même. En termes contemporains, on parlerait du sujet constitué par l’altérité dans l’intersubjectivité, mais Augustin ignorait ce vocabulaire, même si la réalité lui était familière. Or, cette altérité est à la fois celle de Dieu, manifesté par l’Ecriture et celle des autres.

Editions du Cerf | Collection Dictionnaires
Paru en 2005 | 1489 pages | ISBN 9782204073401