Redécouverts au milieu du XXe siècle, les Pères de l’Église bénéficient aujourd’hui d’un certain nombre de traductions françaises, en particulier grâce à la collection « Sources chrétiennes ». Ils contribuent au renouvellement de la théologie, de l’anthropologie, de l’ecclésiologie, de la théologie trinitaire…, et ont un rôle important dans le dialogue oecuménique…, mais ils ne sont pas toujours connus avec précision.
Parmi les présentations d’ensemble qui en ont été faites, les unes, comme celle de Johannes Quasten : Initiation aux Pères de l’Église, en quatre volumes aux éditions du Cerf, se caractérisent par leur rigueur scientifique, d’autres, comme celle de S. Gabriel Peters : Lire les Pères de l’Église aux éditions DDB, s’attachent à donner le goût de lire les Pères de l’Église. Ces deux publications sont aujourd’hui épuisées.
En faisant appel aux spécialistes reconnus des différents Pères, ce nouveau Manuel de Patristique reprend les deux optiques, en alliant la rigueur scientifique du Quasten, en prenant en compte les recherches les plus récentes, et en montrant, en même temps, que les Pères de l’Église sont nos Pères dans la foi et nos frères dans la vie de l’Esprit.
C’est là un ouvrage de référence, qui situe les Pères dans leur contexte, qui présente l’apport de leurs oeuvres. C’est un outil de travail pour les étudiants et pour tous ceux qui s’intéressent aux Pères.
Si Maître Eckhart fait aujourd’hui partie des best sellers, c’est en raison des fulgurances de son OEuvre allemande. En revanche, son OEuvre latine (L’oeuvre tripartite) est le plus souvent ignorée. Elle constitue pourtant le soubassement de sa pensée, sa « Somme théologique ». Cet oubli tient à plusieurs raisons : sa transmission
lacunaire, le manque de traductions, en particulier en français, la complexité de l’ouvrage.
Après avoir contribué à faire connaître cette OEuvre latine en traduisant en français les ouvrages qui sont parvenus jusqu’à nous, nous en dégageons désormais l’enjeu, l’apport théologique. Le présent ouvrage constitue un tournant dans les études eckhartiennes. Le lecteur y découvrira à quel point l’OEuvre latine est le creuset de l’oeuvre allemande, mais aussi comment les grandes thèses de l’OEuvre allemande (la naissance de Dieu l’âme, la justice, l’image…) sont déjà présentes dans l’OEuvre latine. Cette dernière est, en fait, dans sa partie morale, « matière à sermons » (Commentaire de Jean, n. 707).
Nous envisageons également le rôle-clef de Nicolas de Cues, non seulement dans la transmission de l’oeuvre eckhartienne, mais aussi dans sa relecture, qui met en évidence son apport spécifique et son actualité.
Les Pères du désert nous semblent proches par leurs apophtegmes, mais il est difficile de les présenter individuellement, tant ils sont nombreux. On connaît peu de choses de leur vie, car s’ils se sont retirés au désert, c’était pour rester dans l’anonymat. C’est le message qui compte, non celui qui l’a prononcé. La paternité spirituelle est leur caractéristique, comme le manifeste la question qui leur est souvent
posée : « Abba, dis-moi une parole. » Leur temps de retraite au désert leur a donné une capacité à discerner ce qui est utile aux autres et à le leur dire, afin de les
aider dans leur vie.
Les Pères ont souvent une dimension charismatique, tant ils sont habités par l’Esprit Saint. Leur vie austère les porte au coeur des luttes humaines, leur quête d’humilité les rend proches et nous parle aujourd’hui. Abba Antoine dit : « Il y a des gens qui ont broyé leur corps dans l’ascèse, mais, pour avoir manqué de discernement, ils se sont éloignés de Dieu. »
Nombreux sont ceux qui connaissent ou croient connaître l’œuvre d’Eckhart après avoir lu quelques-uns des sermons qu’il a prononcés en langue allemande, mais la lecture de l’œuvre latine fait découvrir le véritable fonds d’où proviennent les textes les plus connus d’Eckhart.
Il ne faut donc pas s’attendre à lire dans ce Commentaire du Livre de l’Exode une explication détaillée des lieux et du parcours suivi par le peuple juif dans le désert. De cela il n’est pas question, pas plus que de l’idée de l’exil.
L’objectif est autre : il ne s’agit pas de commenter un texte, mais d’entendre la Parole de Dieu.
Cela suppose d’aller au-delà de notre compréhension des images et concepts, pour les recueillir comme des paraboles pleines de la sagesse divine.
Ce commentaire s’inscrit dans la perspective de L’œuvre tripartite, où Eckhart s’attache à comprendre la nature de Dieu, la puritas essendi, qui est le quatrième point de son programme de prédication, ce qui l’amène à dire que l’être est Dieu et à s’attacher au commentaire d’Exode 3, 14, dont il donne une interprétation originale, à partir de l’image de la bullitio.
Maître Eckhart était l’intellectuel de référence du XIVe siècle, un Lesemeister, disait-on à son époque. Il s’est illustré à l’Université de Paris, a fondé la mystique rhénane et il a remarquablement compris le motif de l’Incarnation. Mais il a été aussi et avant tout un homme de prière, donné tout entier à Dieu, qui est devenu pour les autres un Lebemeister, un père spirituel, qui s’est attaché à « transmettre aux autres les fruits de sa contemplation ». Cet aspect de son oeuvre a été assez peu étudié jusqu’ici, or il en constitue le sous-bassement. C’est, en effet, dans un dialogue constamment renouvelé avec Dieu qu’Eckhart a mûri les grandes orientations de son oeuvre, qu’il a vécu cette réalité centrale qu’est la filiation divine et qu’il en a rendu compte à partir de la naissance de Dieu dans l’âme.
Ce livre présente l’avantage de montrer que la prière, la relation au Christ et à la Trinité est véritablement le creuset de l’oeuvre d’Eckhart, ce qui permet de mieux le comprendre.
Maître Eckhart a été un grand lecteur des Pères de l’Église, qui étaient les auctoritates, les autorités auxquelles il se référait pour commenter l’Écriture. Mais, si les textes des Pères latins lui étaient directement accessibles, il n’en allait pas de même pour les Pères grecs qui demandaient à être traduits. Il a disposé d’un certain nombre de traductions et d’outils de travail, comme la Catena aurea de S. Thomas d’Aquin. Ils seront identifiés par des spécialistes dans cet ouvrage, ce qui permettra de comprendre comment Eckhart a lu Origène, Jean Chrysostome, Maxime le Confesseur, Jean Damascène… et de préciser l’interprétation qu’il en a donnée, ce qui amènera à rechercher pourquoi il a eu recours aux Pères grecs et quelle a été leur influence pour la version occidentale de la divinisation qu’il a proposée avec la naissance de Dieu dans l’âme. (suite…)
Les Pères du désert nous semblent proches par leurs apophtegmes, mais il est difficile de les présenter individuellement, tant ils sont nombreux. On connaît peu de choses de leur vie car, s’ils se sont retirés au désert, c’était pour rester dans l’anonymat. C’est le message qui compte, non celui qui l’a prononcé. La paternité spirituelle est leur caractéristique, comme le manifeste la question qui leur est souvent posée : « Abba, dis-moi une parole. »
Leur temps de retraite au désert leur a donné une capacité à discerner ce qui est utile aux autres et à le leur dire, afin de les aider dans leur vie. Les Pères ont souvent une dimension charismatique tant ils sont habités par l’Esprit Saint. Leur vie austère les porte au cœur des luttes humaines et leur quête d’humilité les rend proches et nous parle aujourd’hui. Abba Antoine dit : « Il y a des gens qui ont broyé leur corps dans l’ascèse, mais, pour avoir manqué de discernement, ils se sont éloignés de Dieu. »
Ce livre envisage un aspect encore peu connu de l’œuvre de maître Eckhart : sa lecture des Pères latins. Un certain nombre de sources de la pensée eckhartienne ont déjà été étudiées, mais le fait qu’il cite, par exemple, Augustin quelques 5000 fois dans son œuvre n’a pas été beaucoup retenu. Or, un dialogue s’est effectué entre les deux auteurs par-delà les siècles, dialogue qui a infléchi la pensée du Thuringien.
Dans le cadre du projet ANR-17-FRAL–0002 TEAPREA (Teaching and PreachingwithPatristicauctoritates. Meister Eckhart in France and Germany, past and present), nous réalisons une étude systématique des sources patristiques d’Eckhart, ce qui donnera lieu à la publication d’un Index, regroupant ces sources. (suite…)